C'était en mars 1993. Après la fin de la Guerre froide, les grandes villes
d'Europe accueillaient les anciens musiciens soviétiques comme des rois, et les
compositeurs russes se produisaient lors de divers festivals.
Dans leur appartement de Küsnacht, Mathilde et son mari Bruno se préparaient à
aller voir le ballet du Bolchoï à l'Opéra de Zurich, qui se produirait pour la
première fois cette année-là. Après l'esthétique rigide de l'ère soviétique,
"Le Lac des cygnes", qu'ils avaient interprété d'une manière moderne,
avait fait sensation dans le milieu artistique.
"Regarde Bruno," dit Mathilde, excitée, en montrant le journal.
"Les critiques louent beaucoup la nouvelle première danseuse, l'élève de
Natalya Dudinskaya. Ils disent que c'est 'la synthèse parfaite de la discipline
soviétique et du romantisme européen.'"
Bruno, en mettant ses boutons de manchette, partagea la joie de Mathilde.
"Je sais, mon amour, ton rêve d'enfance se réalise. Nous allons voir un
cygne russe en direct... Tu es tellement belle quand tu es heureuse,"
dit-il en attirant sa femme à lui et en l'embrassant.
Mathilde avait 49 ans, Bruno 51, et ces années étaient sans doute les plus
belles et les plus brillantes de leur vie. Il restait encore 12 ans avant que
Bruno ne soit diagnostiqué avec Alzheimer, et 20 ans avant sa mort. Cela
faisait 22 ans qu'ils vivaient dans cet appartement, situé dans le plus beau
coin du "Côte d'Or" du lac de Zurich.
Ils avaient acheté cet appartement en rez-de-chaussée en 1971, alors qu'ils
étaient encore jeunes mariés, lorsque le béton était encore frais, et avaient
soigneusement choisi eux-mêmes le papier peint. Le site avait été conçu par un
architecte célèbre, reflétant les lignes modernes de l'époque. Il était composé
de sept blocs, chacun avec seulement deux appartements. Entre les blocs
s'étendait un grand jardin, qui serait plus tard orné de buissons et de fleurs
que le jardinier taillerait chaque matin avec ses ciseaux.
Mathilde était amoureuse de cet espace vert, tandis que Bruno adorait la
lumière du jour qui inondait l'intérieur de la maison. Les fenêtres de
l'appartement, orientées dans les quatre directions, laissaient le soleil
voyager silencieusement à travers la maison du matin au soir. Dans cet
appartement, qui pouvait être considéré comme spacieux pour un couple, ils
avaient rêvé d'avoir un jour des enfants, qui auraient leur propre chambre, et
qu'ils grandiraient en courant dans ces jardins.
Ils avaient beaucoup essayé d'avoir des enfants, mais au milieu des années
1980, ils avaient fini par accepter la réalité de l'infertilité. Ils comblaient
ce vide avec leur travail, les roses du jardin, leurs petites maisons de
montagne où ils allaient en hiver, et ce que Mathilde aimait le plus :
s'habiller élégamment et aller à l'opéra.
L'enfance et la jeunesse de Mathilde avaient été passées dans une grande
propriété près de la ville de Kortrijk, en Belgique. Des domestiques
travaillaient à la maison, des voitures pleines de vin et de viande étaient
livrées directement par les producteurs, et les greniers et les caves étaient
toujours pleins.
En 1966, comme dans chaque famille bourgeoise, sa famille l'avait envoyée à
Londres pour apprendre l'anglais. Là, elle avait élargi son cercle d'amis
internationaux et, en peu de temps, elle avait rencontré Bruno, un ingénieur
suisse, dans ce groupe. Bruno avait fait des études d'ingénierie civile à
Zurich et poursuivait un master à Londres. Il ne pouvait pas détacher ses yeux
de Mathilde, grande, mince et aux yeux bleu clair. Ils étaient tombés amoureux.
Cependant, la famille de Mathilde, propriétaire terrienne et encore très
attachée à la structure féodale, s'était opposée avec force à ce mariage,
notamment sa mère. Mathilde n'avait pas écouté leurs objections, renonçant à
toute sa fortune pour épouser Bruno et s'installer en Suisse.
Ce soir-là, Mathilde s'était préparée avec soin, ses cheveux bruns relevés en
chignon, ses yeux bleus soulignés d'un trait fin de crayon. Elle tenait ses
boucles d'oreilles en diamant, un héritage familial, et hésitait devant le
miroir à savoir si elle devait les mettre. Bien qu'elle n'ait pas parlé à sa
mère depuis vingt ans à cause de son opposition à son mariage, cette dernière
lui avait légué ces précieuses boucles d'oreilles à sa mort. Bruno avait
compris son hésitation. "Vas-y, mets-les, elles te vont à merveille,"
lui dit-il, l'encourageant.
Leur situation financière était bien meilleure que dans les premières années de
leur mariage, mais Mathilde, consciente des origines modestes de son mari,
évitait encore les excès. Avec les mots de Bruno et l'approbation de ses yeux
souriants, elle mit les grosses boucles d'oreilles en diamant. Elle enfila des
chaussures à petits talons sous son manteau bleu clair à col en fourrure et,
d'un geste élégant, s'accrocha au bras de son mari.
Malgré le froid de mars, la ville était vivante : les tramways passaient dans
un léger bourdonnement, les gens se promenaient lentement dans les rues,
discutant, entrant et sortant des magasins ou des restaurants de Seefeld. Les
vitrines, encore illuminées par la lumière dorée du soleil couchant, créaient
une atmosphère romantique. La soirée était splendide.
Le bâtiment de l'Opéra était bondé ce soir-là. Dans le hall, sous les lustres
en cristal, les coupes de champagne cliquetaient, tandis que Mathilde scrutait
les invités du regard à la recherche de visages familiers.
Lorsque le rideau se leva et que l'orchestre légendaire du Bolchoï joua les
notes de Tchaïkovski, Mathilde s'accrocha secrètement au bras de Bruno. Dans le
deuxième acte, "Les Quatre Petits Cygnes" et la parfaite
synchronisation des danseurs émerveillèrent tout le public. Même les
spectateurs suisses, réputés pour être difficiles à enthousiasmer, se levèrent
pour applaudir.
Aux alentours de minuit, lorsqu'ils sortirent de l'opéra, le vent de mars
soufflait sur le col en fourrure du manteau de Mathilde. Lorsqu'ils rentrèrent
chez eux, leur excitation ne s'était pas dissipée. Bruno versa une dernière
coupe de vin blanc du réfrigérateur et ils s'assirent sur le canapé en velours
bordeaux du salon. Mathilde lui donna la coupe et ils burent, continuant à
discuter du spectacle.
Mathilde se rendit dans la chambre à coucher pour se démaquiller. C'est alors
qu'elle ouvrit la boîte à bijoux devant le miroir, et le charme du Bolchoï
laissa place à la peur. Elle poussa un petit cri. La boîte était vide. Il n'y
avait qu'un petit papier à l'intérieur. Il y était écrit : "N'ayez pas
peur, le Fantôme est venu vous rendre visite." En dessous, un sceau rouge
et une signature élégante.
Les mains de Mathilde tremblaient. Bruno se précipita immédiatement pour
appeler la police. Mathilde, ne s'éloignant pas d'un mètre de lui, restait près
de lui. Ensemble, ils visitèrent les pièces et allumèrent toutes les lumières
de la maison. Personne n'était là.
En entrant, ils n'avaient rien remarqué de suspect. À part la boîte à bijoux
vide, il n'y avait aucun signe de vol. Ils avaient ouvert la porte avec leurs
propres clés. Il n'y avait aucune trace de forcage ou de rupture dans la
serrure. La maison était en ordre, comme ils l'avaient laissée le soir même.
Mathilde réfléchit à d'autres objets de valeur qu'elle pourrait avoir. La
montre Omega qu'elle avait offerte à Bruno pour leur vingtième anniversaire de
mariage était toujours sur son poignet cette nuit-là. Dans le salon, dans
l'armoire près de la table à manger, elle chercha le service en argent que sa
mère lui avait acheté et qu'elle n'avait eu que depuis la mort de cette
dernière. Leurs boîtes étaient aussi vides, et il y avait le même message :
"Ne vous inquiétez pas, le Fantôme est venu vous rendre visite."
Bruno aperçut un éclat sur le tapis du couloir. C'était un vieux franc
belge en argent. Mathilde possédait une collection de pièces anciennes, et la
boîte contenant cette collection était dans la chambre. En l'ouvrant, un
troisième message apparut.
À part cela, rien n’avait été touché dans la maison. Les rideaux étaient
tirés correctement, les livres sous les lampes étaient disposés comme il se
devait. Quelques tableaux précieux, les nouvelles télévisions pesant au moins
vingt kilos, le tourne-disque et les vinyles étaient tous à leur place. Rien de
gros n’avait été emporté. Tout ce qui avait été volé pouvait tenir dans un sac
à dos. Le voleur avait trouvé ce qu'il cherchait comme s’il avait tout mis en
place lui-même. Bien que tout semblait à sa place, une main invisible avait
touché leur maison, et une atmosphère perturbante s’était installée dans le
lieu.
Environ quinze minutes plus tard, deux policiers frappèrent à leur porte.
Dès qu'ils entendirent l'histoire, ils comprirent immédiatement qu'il
s'agissait du "Fantôme de la Côte d'Or", un voleur qui sévissait dans
la région depuis deux ans et qu'ils n'avaient pas encore réussi à attraper.
L’un des policiers se rendit à la porte menant à la véranda. Elle était
fermée, mais dans son coin inférieur, il y avait un petit trou bouché avec du
dentifrice. Il appela immédiatement son collègue et lui montra. "Voilà, il
l’a encore fait", dit-il en montrant le dentifrice encore humide, et ils
échangèrent un sourire. En voyant les yeux effrayés des propriétaires, ils
adoptèrent une expression sérieuse et prirent des notes tout en écoutant Bruno
raconter ce qui s'était passé. Mathilde était encore sous le choc de l'incident
et ne pouvait rien dire.
Les policiers expliquèrent que, dans les cas précédents, les voleurs
entraient toujours par la même méthode. Bien qu'il y ait eu plus de quinze
incidents, l'identité du criminel restait inconnue. Le ou les voleurs ouvraient
un petit trou de trois millimètres dans le cadre d'une fenêtre ou d'une porte
de villa ou d'appartement, inséraient un outil spécial à travers ce trou,
abaissaient la poignée de l’intérieur, et pénétraient dans la maison sans
laisser de trace. Aucun vol n'avait été observé, et après quelques affaires,
les habitants avaient surnommé ce voleur "le Fantôme de la Côte
d'Or".
Le style du Fantôme avait légèrement changé au fil des ans. Lors des
premières années, il ne volait que de l'or et de l'argent, dédaignant les
objets en argent. Son message disait "Ne vous inquiétez pas, je ne suis
qu'un visiteur." Après que son surnom de "Fantôme de la Côte
d'Or" ait été rendu public, il modifia son message pour écrire "Ne
vous inquiétez pas, le Fantôme est venu vous rendre visite."
Le voleur était extrêmement méticuleux. Il portait probablement des gants
de tissu de bijoutiers, car il ne laissait aucune empreinte digitale. Comme
dans ce cas, toutes les armoires étaient fermées, aucune chaise n'était
renversée. La porte du jardin était fermée de la même manière qu'elle avait été
ouverte, et le trou était soigneusement comblé avec du dentifrice blanc. Le
Fantôme ne se précipitait jamais; il lui fallait du temps pour percer le trou,
entrer dans la maison, et chercher méthodiquement les objets de valeur.
Les policiers pensaient que le voleur surveillait les maisons, s'assurant
qu'elles étaient vides avant d'entrer. Mathilde expliqua que, chaque samedi
soir, ils allaient à l'Opéra de Zurich, leur abonnement en main, et qu'ils
mangeaient quelque chose au café de l'opéra avant de rentrer après quatre ou
cinq heures. Mais les week-ends où ils ne se rendaient pas à l'opéra, ils
partaient à leur maison de montagne et passaient tout le week-end là-bas. Ils
prenaient aussi des cours de danse le jeudi soir. Dernièrement, Bruno et elle
se rendaient souvent chez sa mère, qui, ayant déménagé dans une maison de
retraite, ne s'y était pas encore adaptée et les appelait sans cesse pour les
inviter à dîner.
Mathilde expliqua que, bien qu'ils ne soient pas souvent à la maison, ils
connaissaient tous leurs voisins depuis des années. Si quelqu'un avait
surveillé la propriété, il devait avoir attiré l'attention de quelqu'un.
Les policiers leur dirent qu'ils reviendraient le lendemain pour interroger
les voisins et leur souhaitèrent une bonne nuit. En partant, ils plaisantèrent
en disant : "Ne vous inquiétez pas, le Fantôme ne revient jamais deux fois
au même endroit. Il ne reviendra plus ici. Dormez tranquilles."
Malgré cela, Mathilde et Bruno ne purent presque pas dormir cette nuit-là.
Le lendemain, Mathilde accompagna la police dans l'interrogatoire des
voisins. Personne n'avait vu quoi que ce soit. L’un des deux voisins qui
pouvaient voir la véranda n’était pas à la maison ce soir-là, et l’autre était
trop absorbé par un film à la télévision. Les autres voisins ne pouvaient pas
voir la véranda. Cependant, un voisin de l'autre côté de la maison, qui pouvait
voir la chambre à coucher, avait remarqué de la lumière dans la fenêtre. Le
voleur semblait avoir allumé les lumières sans aucune crainte.
La police leur dit qu'ils n'avaient pas de preuves concrètes pour le
moment, mais qu'ils poursuivraient l'enquête.
Les mois passèrent. Le Fantôme visita encore plusieurs maisons sur la Côte
d'Or au bord du lac de Zurich cette année-là. À l'automne de cette année-là,
les événements cessèrent soudainement. L'enquête de la police continua pendant
un certain temps, mais les témoignages des voisins, les analyses des empreintes
digitales, l'examen de l'outil utilisé pour percer le trou, et même
l'affectation de fonctionnaires civils n'aboutirent à aucun résultat.
La vague de vols surnommée "le Fantôme de la Côte d'Or", qui
s'était étendue de 1990 à 1993, prit fin, et les dossiers d'enquête furent
rangés dans des étagères poussiéreuses. Selon les estimations de la police, la
valeur des objets volés pendant cette période avoisinait les six millions de
francs suisses.
Des années plus tard, un homme du nom de R.A. fut arrêté à la gare
principale de Zurich. Il avait été capturé alors qu'il était recherché pour un
autre crime. Cet homme avait 23 antécédents judiciaires, allant du vol à la
profession de cambrioleur, en passant par des entrées illégales dans des
maisons et des crimes sexuels. La police avait de sérieux doutes quant à son
identité en tant que "Fantôme de la Côte d'Or". Cependant, les liens
entre cet homme et les célèbres vols du bord du lac de Zurich n'ont jamais été
établis légalement. À 55 ans, ce citoyen allemand, ayant vu son nom apparaître
sous le titre "Fantôme de la Côte d'Or" dans le journal Blick,
déclara qu'il avait été "condamné dans l'opinion publique sans preuves
suffisantes", et il intenta même un procès contre le journal.
Les vols commis dans ce quartier calme et magnifique de Zurich restent
aujourd'hui un mystère. Le Fantôme ne réapparut jamais. Mais Mathilde conserva
toujours les messages qu'il avait laissés dans la boîte à bijoux et aux deux
autres endroits.
Les années passèrent. Les enfants des voisins couraient dans les jardins,
grandissaient, se mariaient même. Les anciens voisins étaient partis, de
nouveaux étaient arrivés. Bruno mourut de la maladie d'Alzheimer. Mathilde
vivait seule dans son appartement au rez-de-chaussée. À presque quatre-vingts
ans, sa démarche était plus lente, mais son esprit restait vif. Certaines
mémoires… certaines nuits… ne disparaissaient jamais de son esprit.
...
Il y a huit ans, un jour de septembre, j'ai emménagé dans l'appartement du
dessus de Mathilde. Bien sûr, elle ne m'a pas accueillie les bras ouverts, mais
étant cinq ans plus âgée que ma mère, j'ai veillé à lui témoigner de la
courtoisie et de l'attention. C'était une femme sélective et exigeante.
Cependant, je commençais à tisser des liens progressivement en lui rapportant
de petits cadeaux de mes voyages. Pourtant, elle n'a jamais modifié son
attitude distante et légèrement sceptique.
Deux ans plus tard, j'ai rencontré un homme belge, et cela a été l'une des
raisons principales pour lesquelles elle a commencé à s'adoucir à mon égard.
Bien qu'elle ne fût partie que rarement pour sa patrie, elle admirait beaucoup
mon petit ami. Dès qu'elle l'a vu dans les escaliers, elle a été immédiatement
charmée. Ses yeux brillaient et elle a dit : "Quel bel homme !" Après
une relation difficile qui m'avait beaucoup blessée, elle m'a dit que cette
nouvelle relation me ferait du bien.
Ainsi, notre amitié s'est renforcée. Lorsque je partais en Belgique, je lui
rapportais des petites crevettes qu'elle aimait. Quand sa santé n'était pas au
mieux et qu'elle n'osait pas sortir en promenade, je l'accompagnais. Pendant
nos marches, elle me racontait des anecdotes du passé. Elle était extrêmement
cultivée. Nous parlions de l'œuvre de la première femme architecte de Suisse,
qui se trouvait dans notre quartier et était protégée, des projets de routes
réalisés par son défunt mari, de l'entretien des rosiers, de ses sopranos
préférées, de politique, et de bien d'autres sujets. Je commençais à apprécier
cette femme froide, car elle partageait une quantité d'informations
encyclopédiques.
Un jour, dans son jardin, elle a constaté qu'un de ses nouveaux rosiers
avait été arraché de ses racines. Il y avait un grand vide béant à l'endroit où
il se trouvait. Mathilde a frappé à ma porte, visiblement effrayée. Elle m'a
dit qu'on lui avait arraché la rose et m'a demandé de descendre. Comme elle
était une femme très suspicieuse, j'ai d'abord cru qu'elle me suspectait. Mais
en réalité, elle avait vraiment peur. Elle s'est ensuite laissée tomber sur le
fauteuil de sa véranda, tournant son visage vers le coucher du soleil. "Il
y a trente ans..." a-t-elle commencé. Puis elle m'a raconté l'histoire du
Fantôme de la Côte d'Or. J'écoutais avec de grands yeux. Pensant que je ne la
croyais pas, elle a ajouté :
"Les notes sont toujours avec moi. Lorsque j'ai trouvé la boîte à
bijoux, je me souviens encore comment mes mains tremblaient devant le
miroir." Ses yeux se sont tournés vers les branches de roses géantes et
roses en fleurs.
"Parfois, même lorsqu'une ombre passe, je peux entendre mon cœur
battre à travers mes oreilles."
Je croyais que les lieux avaient une mémoire. J'ai posé ma main sur sa main
tremblante. "Peut-être que je pourrais écrire son histoire." ai-je
dit. En voyant l'inquiétude qu'elle éprouvait après toutes ces années, j'ai
ajouté : "Ne t'en fais pas, nous changerons le nom." Un jour, je
viendrai prendre des notes et j'en ferai une histoire.
Certaines histoires sont oubliées, certaines sont racontées. Mais il y en a
d'autres, comme ce trou dans la porte, qui laissent des traces dans le temps et
l'espace.
Un voleur mystérieux, un passé effacé, et une peur que le temps ne peut dissiper.
Dans l’un des quartiers les plus paisibles de Zurich, une série de cambriolages raffinés laisse derrière elle de simples billets signés par le mystérieux « Fantôme de la Côte d’Or ». Des décennies plus tard, Mathilde, octogénaire solitaire, se confie à sa voisine après qu’un événement étrange ravive ses angoisses enfouies. Une histoire troublante de souvenirs, de mystère, et de traces invisibles que certains laissent derrière eux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire